MONTRÉAL - Les colloques se suivent et les problèmes d’intégration chez les communautés culturelles persistent. La Commission des communautés d’origines diverses d’Union Montréal a tenu son colloque annuel, le samedi 4 décembre, pour laisser libre cours aux frustrations et aux revendications des membres de différentes communautés culturelles.
«Vous allez parler d’intégration économique, sociale et politique. Nous voulons entendre vos problèmes, mais nous voulons surtout entendre vos idées de solution. Faites-nous vos recommandations», a souligné le maire Gérald Tremblay en début de conférence, tout juste avant de s’éclipser vers d’autres activités.
Pour plusieurs immigrants participant au colloque, le dicton «Aide-toi et le ciel t’aidera» demeure la meilleure solution à l’intégration sociale, d’abord parce que l’envie de s’intégrer doit venir de soi-même, mais surtout parce que les services d’aide à l’intégration sont déficients chez certaines communautés.
Fatima Akhter, originaire du Bangladesh, est venue au colloque expressément pour dénoncer le manque de continuité dans l’octroi de subventions aux programmes d’aide aux immigrants. Deux projets de soutien aux immigrants pour lesquels elle a travaillé ont pris fin abruptement par manque de subvention.
Fatima a chapeauté durant trois ans le programme «Soutien famille», offert par PROMIS, l’organisme d’aide aux immigrants et aux réfugiés, où près de 150 femmes y apprenaient le français ainsi que les valeurs et la culture du Québec. Un service de garderie était aussi offert sur place pour faciliter le déplacement des femmes. Les subventions ont cessé au bout de trois ans et le programme a fermé. Même sort pour le programme «Santé femme» de la Société internationale du Bangladesh qui a fermé après un an par manque de financement.
«Toutes ces femmes restent maintenant à la maison et se demandent comment on va les aider, explique Fatima, cela occasionne même pour certaines une perte d’intérêt à s’intégrer. Il faut absolument qu’il y ait une continuité dans ces programmes, car il y a toujours de nouveaux arrivants chaque année pour en bénéficier», ajoute-t-elle indignée.
Le Carrefour des communautés du Québec (CCQ) a préféré ne pas attendre après les subventions pour fonctionner. L’organisme, qui promeut la solidarité entre les communautés d’origines diverses, survit depuis dix ans grâce à sa campagne de financement annuelle. «Nous avons demandé du financement auprès du gouvernement, mais nous n’avons jamais rien reçu, sauf cette année où nous avons enfin obtenu 10 000$ du gouvernement provincial. C’est la seule subvention que le CCQ a eue en dix ans», mentionne Gérard Philis, membre de l’organisation du CCQ.
Outre l’intégration sociale, l’intégration économique demeure au coeur des préoccupations des immigrants québécois, qui souhaiteraient pouvoir obtenir un emploi dans leur domaine de compétences sans avoir à refaire toutes leurs études au Québec ou encore sans avoir à être bilingues obligatoirement. «Pour les jeunes immigrants chinois, le problème c’est la langue. Il est difficile pour eux de se trouver un emploi puisqu’ils ne parlent que l’anglais. Il faudrait être plus flexible à ce niveau», mentionne Lijie Ma, présidente du Festival de la culture chinoise.
Pour Zénon Mazur, vice-président de la Commission des communautés d’origines diverses, le vrai problème de l’emploi chez les immigrants est lié à la reconnaissance des diplômes. «Il faut changer le mécanisme d’évaluation des diplômes qui viennent de l’extérieur. Bien entendu, ce n’est pas la Ville de Montréal qui peut agir à ce niveau-là, mais nous souhaitons que le poids politique du maire Tremblay puisse faire bouger quelque chose», indique-t-il.
Union Montréal a beau se vanter d’avoir une équipe représentative de la diversité culturelle montréalaise, que peut réellement faire le parti de Gérald Tremblay face à tous ces problèmes d’intégration? Les immigrants venus ventiler leurs problèmes à ce colloque d’Union Montréal, voient dans le maire Tremblay et son équipe plus qu’une image du multiculturalisme québécois, mais une courroie de transmission vers des instances politiques supérieures. Souhaitons-leur qu’ils aient raison.